Baclofène, le médicament miracle contre l’alcoolisme ?
Dimanche 07 décembre 2008

Le cardiologue Olivier Ameisen a vaincu son alcoolisme grâce au baclofène. Ce vieux médicament utilisé pour soigner les spasmes musculaires n’est toutefois pas officiellement une thérapie contre les addictions.

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Olivier Ameisen a un CV qui laisse plutôt rêveur. il obtient son bac à l’âge de 16 ans et mène dans la foulée des études brillantes de médecine. Dès ses débuts les professeurs qu’il côtoie le qualifient de génie. Il est aussi particulièrement doué pour le piano, au point d’être encouragé par le maestro Rubinstein lui-même. Il choisira finalement de prêter ses mains à la cardiologie qu’il part exercer aux Etats-Unis dans l’un des plus prestigieux  hôpitaux de New York.

Là-bas, sa carrière décolle. Et pourtant… en secret le médecin souffre. Depuis l’enfance il se sent esclave d’une terrible anxiété qui le dévore mentalement et physiquement. Alors quand il ne travaille pas, il trouve refuge dans l’alcool. Au point d’en devenir complètement dépendant : « Je buvais par cuites, ça commençait juqsu’à ce que ça s’arrête, jusqu’à ce que j’en puisse plus, c’était parfois 5 jours, parfois 10, parfois 12. Cela se terminait en catastrophe aux urgences dans des situations tout à fait désastreuses. »

Pour vaincre cette maladie il épuisera tout l’arsenal thérapeutique. Jusqu’au jour ou un article du New York Times le met sur la voie du baclofène. Ce vieux médicament créé pour soigner les spasmes musculaires atténuerait aussi les addictions. Après des mois de recherche sur Internet il se convainc de la possible efficacité du médicament, et décide de devenir son propre cobaye.

Il raconte sa thérapie : « Un jour, au début 2004, le 9 janvier exactement, je commence le protocole en montant donc par palier. Au bout de 35 jours, je me retrouve devant des gens qui boivent alors que j’étais entrain de lire un journal et, sans même  y croire moi même, j’avais une indifférence totale. »

Des somnolences passagers, c’est le seul effet secondaire qu’il a constaté pendant le protocole. À trois comprimés par jour, il s’estime désormais sorti d’affaire. Pour partager son expérience unique il vient de publier un livre largement repris dans la presse. Un pavé dans la mare qui dérange. Notamment l’agence de sécurité sanitaire qui est chargé des autorisations de mise sur le marché des médicaments.

Anne Castot, responsable département de surveillance des risques AFSSAPS, explique pourquoi :  » je ne peux donner aucune information  sur les doses, la durée du traitement, les contre-indcations à respecter, les mises en garde donc il est évident que nous ne pouvons qu’inciter à la prudence et dire que tant que nous n’aurons pas fait cette évaluation et que nous n’aurons pas diffuser nos conclusions nous ne pouvons absolument pas nous positionner et encourager à la prescription, ça c’est évident. « 

Rares sont les médecins qui, comme ce grand spécialiste avouent utiliser le baclofène. Grâce à ce médicament, il a soigné depuis un an et demi deux personnes alcooliques. Il sait qu’il n’est pas autorisé à ce genre de prescription mais il a décidé, « pour le bien des ses patients », de braver l’interdit.

L’alcool tue 45 000 personnes par an en France, et 2 millions dans le monde. Ce médicament est un espoir pour beaucoup mais, à ce jour, aucun essai thérapeutique sur le baclofène n’a été réalisé.

Lien: http://www.france24.com/fr/20081207-sante-baclofene-medicament-miracle-alcoolisme-addiction