Pierre Bienvault – La Croix

Un vif débat traverse la communauté médicale autour du baclofène, relaxant musculaire agissant contre l’alcoolo-dépendance.

Si certains résultats sont spectaculaires, les alcoologues restent très prudents

Au jour de l’an, le docteur Olivier Ameisen a bu une coupe de champagne, pas davantage. « Avant, j’aurais bu trois ou quatre bouteilles jusqu’à ne plus tenir debout », confie ce cardiologue franco-américain qui, en 2004, a réussi à se guérir d’une profonde dépendance à l’alcool grâce à un médicament : le baclofène. « Aujourd’hui, je prends toujours ce médicament et je ne bois pratiquement plus, sauf un verre ou deux lors d’occasions festives.
Je suis devenu indifférent à l’alcool », confie ce médecin qui, pendant des années, s’est refugié dans la boisson pour surmonter une anxiété qui l’empêchait de vivre. « Alors que j’avais tout essayé, en vain, c’est le baclofène qui m’a permis de guérir du “craving”, un terme anglo-saxon qui désigne une envie irrépressible et impérieuse de boire », explique-t-il.

Après avoir publié en 2004 un article dans une revue internationale d’alcoologie, il a raconté l’histoire de sa guérison dans un livre paru en France en 2008 (1).

Vendu à près de 40 000 exemplaires, cet ouvrage est aussi sorti au Brésil, en Italie et aux États-Unis. « Depuis, je suis inondé de courriels de patients qui me font part de leur guérison ou de celle d’un de leurs proches. C’est très émouvant pour le médecin que je suis », explique le cardiologue.

Mais la parution de ce livre a surtout entraîné un débat passionnel autour du baclofène.

Avec, chez les médecins, les « pro- » et les « anti- » qui, à mots plus ou moins couverts, se traitent volontiers d’ « incompétents », de « gourous », de « criminels » ou de « vendus à l’industrie pharmaceutique ». Un débat dans lequel les autorités sanitaires restent d’une grande prudence.

Baclofène les médecins se déchirent