07.12.08 – 21:06 Polémique dans le monde médical : un cardiologue français réputé, Olivier Ameisen, affirme avoir découvert un remède miracle contre l’alcoolisme. Maladie qu’il a finalement vaincue. Un espoir pour des millions d’alcooliques ?

Tout est parti d’un article du New York Times transmis par une amie en 2001. Le papier évoquait les recherches d’une scientifique américaine sur les réactions de cocaïnomanes traités au baclofène, un médicament prescrit dans le traitement des contractures douloureuses. Après étude approfondie de la molécule, le docteur Ameisen décide de s’auto-traiter, à très grandes doses. Depuis le 14 février 2004, début de son traitement,  « je n’ai plus aucune envie d’alcool » a-t-il déclaré au journal Le Monde. Il a raconté son histoire dans un livre, « Le Dernier Verre », sorti il y a quelques semaines.  Et depuis lors, les uns crient au génie, les autres demandent des éclaircissements.

La Société française d’alcoologie veut des études sérieuses, sur du long terme. La découverte d’Olivier Ameisen remet en effet en cause l’idée même de l’alcoologie telle qu’on la connaît aujourd’hui. L’alcoolisme est considérée comme « multifactorielle ». Psychologiques, sociales ou physiologiques, les causes de l’alcoolisme sont nombreuses. La trouvaille du cardiologue chamboulerait donc complètement la façon dont on traitait l’alcoolisme: pourquoi fréquenter les Alcooliques Anonymes si une prise de médicament évacue la moindre envie d’alcool ?

Plusieurs confrères n’ont pas attendu de nouvelles expérimentations. En Suisse ou en France, quelques médecins ont repris à leur compte la découverte du cardiologue. Pascal Garche, de l’hôpital de Genève, a traité dix personnes avec le baclofène et sept malades ont été débarrassés de leur addiction. « On ne peut pas s’asseoir sur cette affaire » a expliqué au Monde le responsable de l’unité alcoologique de l’hôpital suisse.

L’Afssaps, l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, s’est saisi du dossier. Il est important de faire rapidement la lumière sur les effets de la molécule. Car la médiatisation de l’histoire d’Olivier Ameisen va entraîner une demande des patients alcooliques. Qui entrevoient l’espoir de chasser pour de bon le démon de la boisson.

(H.M. avec Le Monde [archive payante], Digital Journal et BBC News)