Dans les maladies chroniques sévères, on appelle “rémission complète” un état dans lequel la maladie, de façon spontanée (dans la sclérose en plaques, par exemple) ou après traitements (dans les cancers, par exemple) ne se manifeste plus du tout sur une période donnée. Le terme est choisi parce que cette rémission offre au patient, à la fois un répit et un confort complets et annonce souvent un bon pronostic de la maladie.

Pour l’alcoolisme au contraire, le DSM IV (Association Psychiatrique Américaine) définit comme “rémission complète” une durée d’abstinence complète de 12 mois.
Or la première année d’abstinence est précisément la plus difficile parce que tous les symptômes de la maladie sont présents au quotidien; et si le patient parvient malgré tout à rester abstinent, ce n’est que par une lutte quotidienne et des efforts majeurs. Il ne s’agit donc, pour le patient ni d’un répit, ni d’un confort, mais d’une souffrance intense, puisque c’est l’alcool et lui seul qui apportait le soulagement de ces symptômes invalidants (envie irrépressible de boire, pensées obsessives d’alcool, insomnie, anxiété et dépression). De plus, s’il baisse la garde un seul instant, le patient est susceptible de rechuter, avec le risque mortel que comporte toute rechute, donc on ne peut ici, à l’inverse des autres maladies, parler d’amélioration du pronostic. Pour la sclérose en plaques ou pour le cancer, le patient n’a aucun effort à produire pour maintenir sa rémission, si ce n’est des visites régulières chez le médecin.

Par respect pour les patients qui souffrent d’alcoolodépendance, le terme de rémission complète de la dépendance à l’alcool mériterait d’être revu.