Le premier cas de suppression complète, rapide et sans effort de la dépendance à l’alcool (alcoolisme) et de ses conséquences a été décrit en 2004 par Olivier Ameisen aux Presses de l’Université d’Oxford, après qu’il se soit administré du baclofène à hautes doses. (Ameisen O. Complete and prolonged suppression of symptoms and consequences of alcohol-dependence using high-dose baclofen: a self-case report of a physician. Alcohol Alcohol. 2005 Mar-Apr;40(2):147-50. Epub 2004 Dec 13.
Le dogme, en 2004 (il prévaut toujours) voulait que l’alcoolisme soit une maladie chronique qui ne peut pas être supprimée par un médicament. Tout au mieux, les chercheurs dans le domaine essayent de réduire modestement les symptômes par un ensemble de mesures : groupes d’anciens buveurs, cures de désintoxications, médicaments réducteurs de l’envie de boire.
C’est à partir de données apportées dès 1997 par la recherche animale qu’Ameisen va s’interroger : ET SI LE DOGME ETAIT FAUX?
David Roberts et ses collègues ont publié en 1997 les résultats d’une expérience chez le rat: les rats rendus dépendants à la cocaïne perdent complètement l’intérêt pour celle-ci et se tournent spontanément vers l’eau lorsqu’on leur administre du baclofène à certaines doses. Ce phénomène est unique et jamais décrit auparavant, puisque l’administration de tous les autres médicaments utilisés pour le traitement de l’alcoolodépendance ne fait que réduire la motivation à consommer de l’alcool, et ce même à doses très élevées (naltrexone, acamprosate, topiramate). Aucun ne supprime la motivation. Chez l’animal, la suppression de la motivation est bientôt aussi démontrée pour l’héroïne, l’alcool, la nicotine et les amphétamines.
Bien que le baclofène soit un médicament de confort utilisé depuis plus de 40 ans par les neurologues pour des troubles bénins et dénué d’effets secondaires sérieux, les alcoologues et addictologues cliniciens continuent de tester les médicaments anticraving classiques qui réduisent l’envie de boire, mais aucun ne testera chez l’homme les effets suppresseurs du baclofène observés chez le rat.
En 2003, Olivier Ameisen est à un stade d’alcoolisme où malgré tous les traitements prescrits, sa survie est en jeu. Il émet l’hypothèse que les effets suppresseurs de la motivation à consommer de l’alcool pourraient être transposables à l’homme…
La suppression complète, rapide et sans effort qui a résulté du traitement par baclofène qu’Ameisen s’est administré contre l’avis de ses médecins est relatée dans le livre paru en octobre 2008 chez Denoël: “Le dernier verre” par Dr Olivier Ameisen (cf. Section Bibliographie: “Le dernier verre”).