Liberté Dimanche dub 17/06/2012 – Propos recueills par SANDRA CALME 

Le baclofène est-il un médicament miracle ?
– Olivier Ameisen : « Je ne connais pas de traitement « miracle » : il y a des médicaments qui marchent et d’autres qui ne marchent pas. Le baclofène est un médicament extraordinairement efficace.
Il supprime l’anxiété sous-jacente à l’addiction. J’ai transposé à l’homme
des travaux sur les animaux. Et comme je l’écrivais dès 2004, le traitement ne concerne pas que l’alcool. »
Pourtant c’est un médicament qui existait de longue date avant que vous ne découvriez sa capacité à traiter l’alcoolisme.
« Le médicament a plus de 50 ans et ma découverte date de 2004. Des journaux comme The Guardian disent qu’elle fait partie des plus grandes découvertes médicales du siècle. Je n’ai pas découvert le baclofène mais j’ai découvert qu’il permettait parfois d’améliorer l’abstinence, mais pas plus que les autres médicaments.
Chez le rat, dès 1997, on avait publié que le baclofène supprime la dépendance à la cocaïne chez l’animal, sans expérience scientifique sur l’homme. »
Votre découverte date de 2004 et pourtant l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé commence tout juste à admettre que le baclofène pourrait être prescrit « au cas par cas » dans le traitement de l’alcoolisme. Pourquoi ?
« J’ai écrit dans une revue médicale que ma découverte s’applique à toutes les dépendances. Je l’ai expérimenté sur moi-même. Ce n’est que bien plus tard que j’ai écrit mon livre en 2008 pour attirer l’attention du public sur le fait que l’on ne cherchait pas à réellement traiter
les gens avec les autres solutions visant à réduire l’addiction. »
Aujourd’hui près de trente mille patients sont traités avec le baclofène en toute illégalité puisque le médicament ne pouvait jusque-là pas être prescrit pour traiter l’alcoolisme. Qu’en pensez-vous ?
« La prescription hors AMM [NDLR : Autorisation de mise sur le marché]
c’est-à-dire hors du champ réglementaire, est une pratique courante. La prescription du baclofène est un grand combat dans l’histoire qui soit hors AMM. D’ordinaire ce sont les laboratoires qui annoncent tel ou tel médicament pour la dépression, etc. Mais là il s’agit d’un médicament générique, peu coûteux et qui ne rapporte rien. Au contraire on veut faire d’autres médicaments pour le faire oublier mais c’est trop tard.
L’intention était de ne pas faire d’essai sur l’homme et on ne fait toujours pas d’essai approprié. Mais comme le disent les neurologues américains, le traitement se passera d’essais cliniques parce que le bouche-à-oreille le fera connaître.»

ALCOOLISME le baclofène miracle ou mirage