Le Monde.fr | 25.04.2012 à 11h39 • Mis à jour le 25.04.2012 à 15h43

L’agence du médicament admet désormais l’usage du baclofène dans le traitement de l’alcoolisme, mais « au cas par cas », dans son dernier point d’information sur ce médicament normalement prescrit comme décontractant musculaire.
« Si l’efficacité du baclofène dans la prise en charge de l’alcoolo-dépendance n’est pas encore démontrée à ce jour, de nouvelles données (…) montrent des bénéfices cliniques chez certains patients », souligne l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). « Concernant spécifiquement cette utilisation hors du cadre actuel de l’autorisation de mise sur le marché (AMM), les données de pharmacovigilance sont très limitées, mais ne remettent pas en cause la poursuite de ce type de traitement », note-t-elle.

Plus de trente mille personnes prennent déjà du baclofène en France pour des problèmes d’alcool, hors autorisation de mise sur le marché. « Cependant, une meilleure connaissance du profil de sécurité d’emploi du baclofène dans ce cadre est absolument nécessaire et justifie de maintenir une surveillance très active de l’Afssaps et des professionnels de santé. »

L’Afssaps rappelle que « la prise en charge de l’alcoolo-dépendance implique une approche globale par des médecins expérimentés dans le suivi de ce type de patients dépendants ». « Le recours au baclofène doit être considéré au cas par cas et avec une adaptation de la posologie individuelle afin de garantir dans le temps la dose utile pour chaque patient », précise-t-elle.

L’Afssaps souligne qu’elle a autorisé en avril dernier le lancement d’un essai clinique contrôlé, baptisé « Bacloville », chez des patients présentant une consommation d’alcool à haut risque qui seront suivis pendant au minimum un an. Une nouvelle actualisation est prévue « dans un délai de six mois ».
Dans son point datant de juin 2011, l’Afssaps se bornait à « une mise en garde » à propos de ce médicament, autorisé depuis 1974, pour soulager des contractures musculaires involontaires d’origine neurologique. Une position jugée dissuasive qui avait été vivement critiquée par des patients et le Pr Bernard Granger, chef de service de psychiatrie.
La popularité du baclofène (Lioresal et générique) a explosé en 2008 avec la parution du livre Le Dernier Verre, d’Olivier Ameisen, cardiologue, devenu alcoolique, qui y racontait que ce médicament avait supprimé son besoin de boire